Jeudi le 26 février. De Boulevard,
Californie à Yuma, Arizona
Ce matin il fait 1 degré Celcius
lorsque nous nous levons. Mais grâce à notre chaufferette allumée
vers 6h30, il fait bon dans le VR pour déjeuner. Juste avant le
soleil, nos hiboux se répondent encore. Dès que le soleil sort, la
température grimpe rapidement. À 10h, il fera déjà 15 degrés.
Nous sommes à une altitude de 1150 m ce qui explique en partie la
froidure nocturne. Un merlebleu combat depuis de matin avec son
image dans mon retroviseur. Toc, toc, toc durant trois heures. Et
le rétroviseur se retrouve plein d'excréments...
Vers 8h30 nous allons faire une petite
randonnée dans les sentiers du camping pour voir les sites rocheux
intéressants. On a vite fait le tour et nous prenons la route vers
10h après une bonne douche à l'eau très chaude dans des salles de
bain éclatantes de propreté. Un gros contraste avec les derniers
mois dans les campings du sud de la frontière.
La route sillonne au travers des
montagnes. Puis nous prenons l'autoroute 8 et c'est un vrai plaisir
de conduire sur de larges voies avec des accotements. Là aussi
c'est tout un contraste car on n'avait pas vu ce genre de belle route
depuis La Paz en Basse-Californie.
L'autoroute nous impressionne de par la
manière dont elle passe dans les montagnes mais aussi durant la
descente. La pente de 6% dure près de quarante kilomètres. Nous
descendons en compressant pour plus de prudence et pour ménager les
disques des freins qui ont tendance à sauter lors qu'ils
surchauffent.
Nous quittons donc les montagnes
d'immenses rochers et arrivons dans la plaine désertique où nous
roulerons sur près de 150 km jusqu'à Yuma, AZ.
Aux environs d'El Centro, le paysage
désertique cède la place aux champs de foins à perte de vue. Et
des cultures maraîchères de temps à autre. Grâce à l'eau volée
à la rivière Colorado est aux puits artésiens à 350 m de profondeur, on a transformé ce désert en oasis, et en
terrains de golf près des villes.
Un peu avant Yuma, nous passons dans un
paysage de dunes. C'est un immense Parc de récréation où abondent
les VR qui y campent presque gratuitement en mode autonome. Nombre
d'entre eux ont apportés leurs VTT ou dune buggies pour s'amuser
dans les dunes.
Rendus à Yuma sur l'heure du midi,
nous décidons d'aller au restaurant manger une pizza. Ça fait
longtemps qu'on en a pas mangé et on a le goût. Mais on ne trouve
pas le restaurant idéal qu'on aurait souhaité et donc nous nous
rabattons sur un resto de la chaîne Panda. De la bouffe chinoise
haut de gamme selon eux. Ils exagèrent selon nous mais c'est pas
pire du tout.
Nous passons alors en mode épicerie au
Walmart d'à côté. Enfin du bon beurre d'arachides naturel. Cela
nous a manqué car c'est difficile d'en trouver au Mexique et encore
plus en Basse-Californie. Nous faisons une grosse épicerie. Assez
pour trois jours car on ne sait pas encore si on couchera en ville où
à l'extérieur et quand on aura accès à une autre épicerie.
En sortant, nous réalisons qu'un
Safari-Condo du Québec est stationné près du nôtre. Les
propriétaires arrivent quelques minutes plus tard. Raymond et
Noëlla sont partis de Rimouski après les Fêtes avec un couple
d'amis, aussi propriétaires d'un Safari-Condo. Ils ont passé
plusieurs semaines à Yuma et retournent bientôt par le Texas, la
Louisiane et la Floride. Ce soir ils campent dans le stationnement
du casino. Dix dollars pour trois jours. Pas de service mais cela
leur convient. Leurs amis résident dans l'un des très nombreux
camping-RV park de la ville. Il faut savoir que la population de
Yuma, comme cela de nombreuses villes d'Arizona, double en hiver avec
l'afflux de snowbirds.
Nous allons ensuite au kiosque
d'information touristique de la ville de Yuma où nous avons droit à
un excellent service. En lui faisant part de nos préférences pour
des campings en nature avec beaucoup d'espace, le préposé nous
conseille d'aller à une vingtaine de minutes à l'est, à Mittry
Lake. Les sites de camping sont nombreux, très espacés le long du
lac et en prime, c'est gratuit! Nous nous rendons donc au lac Mittry
en passant au travers de cultures maraîchères d'une incroyable
beauté. Un peu partout, les canaux d'irrigations, les pompes, les
équipes de récoltes, les champs récemment semés, d'autres qui
viennent d'être cueillis. C'est là qu'on voit la valeur de l'eau
douce! Pas étonnant que les américains aient dans leur mire l'eau
douce du Canada. Un projet refait surface régulièrement depuis
près de cinquante ans à l'effet de transformer avec l'aide d'une
immense digue la Baie James en gigantesque réservoir d'eau douce qui
serait acheminée aux USA en inversant le cours de rivières de
l'Ontario. Projet titanesque mais pas pour demain.
Nous arrivons vers 18h au lac Mittry et
trouvons facilement une place pour s'installer. Nous sommes en
bordure de la route de gravier avec une belle vue sur le lac, le
marécage qui l'entoure et les montagnes derrière.
Nous nous installons et je prépare un
feu de charbon de bois qui servira à cuire une belle grosse tranche
d'épaule d'agneau. Hélène nous prépare une platée d'aubergine
et de piments ainsi qu'un couscous pour accompagner la viande. La
cuisson de la viande est parfaite et, après avoir admiré le coucher
de soleil sur les montagnes, nous nous mettons à table vers 19h30.
Nous sommes maintenant à l'heure du Centre car nous avons changé de
fuseau horaire en entrant en Arizona. Nous avions oublié et avons
bien failli arriver au Centre d'information après la fermeture.
Il fait beaucoup plus doux ce soir
qu'hier à la même heure. Très confortable, mais on n'a pas le
goût de flâner dehors car c'est bourré de moustiques. On ne peut
pas tout avoir en même temps se dit-on.
Nous nous couchons vers 22h dans la
grande tranquillité.
Vendredi le 27 février. De Yuma à
Painted Rock Petroglyph site
Nous avons bien dormi. Dès sept
heures ce matin, les chaloupes de pêcheurs se succèdent sur le lac.
La lumière est belle et nous profitons du beau paysage en
déjeunant. Nous partons vers 8h30 et repassons par la périphérie
de Yuma pour prendre l'autoroute 8 qui nous mènera à la destination
d'aujourd'hui à quelque deux-cent kilomètres. Nous croisons un
groupe de travailleurs agricoles avec leur autobus qui remorque des
toilettes et lavabos. Les travailleurs sarclent un champ de laitue.
Une fois sortis de la zone urbaine de
Yuma ,pendant 45 minutes, nous passons le long de dizaines de
camping, RV parks, RV resorts, et similaires. Des milliers de VR y
sont parqués en rangées serrées sauf quelques rares exceptions.
Cela reste un mystère pour nous que tant de gens soient attirés par
ce style de vie, nous qui avons peine à rester au même endroit
durant une semaine.
Un peu plus loin, réapparaissent les
immenses champs de foin. Et on comprend maintenant à quoi ils
servent exactement. Nous croisons par trois fois des parcs à bovins
industriels où des milliers de bœufs sont parqués dans de tout
petits enclos abrités du soleil et en rangées. Nous avions vu à
la télé mais de visu comme ça c'est percutant! Quand on parle de
l'industrie du bœuf aux USA avec la croissance aux hormones et aux
antibiotiques pour les bêtes qui peuvent à peine bouger, c'est à
cela qu'on pense.
Nous croisons aussi quelques petites
villes où de toute évidence les VR sont en majorité. Nous
arrêtons à un dépanneur et profitons de l'occasion pour remplir
notre gros bidon de 20 l d'eau potable. Les gens des environs y
viennent chercher leur eau pour 50 cents par 5 gallons (20 l). Et
dire que nous en gaspillons tant au Canada!
Nous laissons enfin l'autoroute pour
prendre une petite route asphaltée sur 20 km. Au début de la
route, nous croisons la plus grosse centrale à énergie solaire que
l'on ait vue de notre vie. Elle fait au oins deux kilomètres carrés
et compte des milliers de panneaux solaires répartis en centaines de
rangées. Le soleil ne manque pas en Arizona. Il faut bien en
profiter. Et j'imagine qu'on développe ainsi un savoir-faire qui
sera exportable ailleurs au pays et dans le monde. Une belle vision
d'avenir!
Nous arrivons finalement au site des
pétroglyphes de Painted Rocks vers 12h. Nous jasons un peu avec un
couple de Franco-Ontariens qui viennent nous voir puis allons nous
installer dans le grand camping géré par le BLM, le Bureau of Land
Management. C'est l'autoinscription à 8 $ par nuit. Il y a
beaucoup de sites de libres et donc nous choisissons un site plat,
loin des gros VR avec génératrices et avec un voisin qui n'a pas de
chien. On devrait être tranquille. En plus, il y a un règlement
qui limite l'usage des génératrices entre 8h et 20h.
Après dîner, nous allons visiter le
site des pétroglyphes. Les gravures ont été faites par les
indiens entre 7500 avant notre ère et la moitié du premier
millénaire. Les gravures sont très variées : personnages,
lézards, soleil, carrés, moufflons du désert, etc. Il y a aussi
des pierres arrondies qui ont servi à moudre le maïs et d'autres
possèdent des trous qui semblent avoir fait office de mortier.
Malheureusement, des vandales ont aussi laissé leurs traces. Mais
dans certains cas, ils font aussi partie de l'histoire tant c'est
vieux. Le site est tout petit et on a fait le tour en moins de 30
minutes. Mais cela en valait vraiment la peine tellement les
gravures sont bien conservées.
Nous partons ensuite faire une
randonnée hors sentier pour atteindre si possible le sommet d'une
petite montagne située à environ 1,5 km du camping. La marche se
fait facilement car la végétation est très éparse. C'est un peu
plus lent dans la montée à cause de la pente mais aussi parce qu'il
y a beaucoup de roches volcaniques au sol. On doit faire attention
de ne pas se fouler une cheville et surveiller la présence de
serpents. Ils sont difficiles à voir mais ils existent et on ne
veut pas s'en approcher de trop près car plusieurs sont venimeux.
Nous atteignons le sommet de la petite
montagne une heure après notre départ. Nous avons marché à
vitesse modérée et bu à quelques reprises car il fait assz chaud
et le temps est très sec. D'en-haut la vue sur la vallée est
géniale. On voit le camping et notre VR apparaît minuscule à
cette distance. Au loin, d'autres champs de foins qu'on arrose avec
l'eau de la rivière Gila et de puits artésiens de plus de 300m de
profondeurs. Un peu plus proche nous apercevons un gigantesque champ
de lave qui a recouvert une bonne partie de la vallée en des temps
lointain.
Nous nous reposons un peu, prenons
quelques photos de cactus, de palo verde et d'ocotillos en floraison,
puis redescendons avec prudence et modération quant à la vitesse.
De retour au VR, on se réhydrate puis
on se repose un peu. Guitare et harmonica pour moi et lecture pour
Hélène. Celle-ci nous prépare ensuite le souper : Du filet
de dinde rôti servi avec du riz parfumé au jasmin et des légumes
cuits au lait de coco. Nous remanions un peu notre formule
habituelle pour l'adapter à la présente situation : C'est pas
parce qu'on est dans un camping sans service au milieu du désert de
l'Arizona qu'on doit se priver de bien manger! En prime, nous avons
droit à un superbe coucher de soleil dans le désert pendant qu'on
déguste notre repas.
En soirée ce sera plutôt calme :
Blogue, photos et lecture au programme. Nous sommes très content
de notre journée et de notre camping. Et on se dit encore une fois
qu'heureusement que tout le monde n'a pas les mêmes goûts car il
n'y aurait jamais de place dans les endroits qui nous plaisent.
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